Article de Jean-Marie LEAU, musicien-auteur-compositeur et co auteur du livre Naître et grandir en musique, de la conception de l’enfant à son éveil musicale aux éditions Télémaque.
La musique, le son tiennent une place primordiale dans notre existence et ce dès les premiers mois de grossesse.
« Une chanson douce que me chantait ma maman », par ces quelques mots le regretté Henri Salvador résume avec poésie et talent la place essentielle de la musique dans la relation qu’une mère peut établir avec son enfant. Reste à découvrir à partir de quel moment le bébé entend et ce qu’il entend…
Dans un tout premier temps, le fœtus est le héros d’un film muet ; presque muet devrai-je dire puisque le premier sens arrivé à maturité, le toucher, va permettre à ce fœtus de ressentir le son. Comment ? Les vibrations sonores lui seront transmises par le liquide amniotique sous la forme d’ondes qui viennent en contact des récepteurs du toucher. On touche le son avant d’être en mesure de l’entendre puis de le percevoir.
Rappelons la chronologie de développement des 5 sens : le toucher, l’olfaction, le goût, l’audition puis enfin la vue.
Il faut attendre la 28ème semaine pour que le foetus commence à réagir à un son émis à un volume de 110dB près de la mère, soit le niveau équivalent à celui d’un bruit de marteau piqueur ou d’une vuvuzela à deux mètres. « Un utérus, c’est un peu comme une chambre d‘hôtel qui ne serait pas bien insonorisée à l’intérieur de laquelle on entendrait des bruits de lavabos en fond sonore ! Ce cocon à l’intérieur duquel le bébé se développe recueille en permanence toute une gamme de bruits : d’abord des sons biologiques d’origine maternelle comme les bruits gastro-intestinaux, les bruits de respiration et le battement cardiaque (maternel d’une part et le sien propre d’autre part). Nous avons déjà la mélodie et le rythme.
Voyons de quelle manière l’oreille s’est développée entre la fin du 7ème et le début du 8ème mois de grossesse.
Le pavillon a pris forme, il est en mesure capter les vibrations, vibrations qui vont être canalisées par le conduit auditif externe. Les ondes sonores vont alors faire entrer en vibration la membrane du tympan. Les osselets de l’oreille moyenne (marteau, enclume et étrier) vont répercuter ces ondes vers les cellules cillées de la cochlée, qui converties en ondes électriques parviendront au cerveau.
A partir de la 35ème semaine, son ouïe s’affine. On assiste à une diminution des seuils (le bébé entend de + en+ grave et de + en + aigu) ; à présent son système auditif peut discriminer les fréquences ainsi que les valeurs de durée du son.
Dès lors, va s’établir un dialogue sonore permanent qui va nourrir le développement de cette fonction neuronale. A ce stade, on observe une réponse cardiaque du fœtus à tel ou tel changement de son.
Est-il profitable de stimuler le fœtus ? Cela peut-il être préjudiciable ?
Yehudi Menuhin (célèbre violoniste et chef d’orchestre américain) attribuait son talent musical, au moins en partie, au fait que ses parents, avant sa naissance, chantaient et jouaient de la musique en permanence.
Il semble que l’exposition prolongée à des environnements sonores sélectivement enrichis – et qui n’induisent aucun trauma acoustique – semblent faciliter certaines tâches de discrimination auditive (distinction que fait l’oreille entre des sons différents).
A contrario, la privation auditive induirait principalement un retard dans le développement de la sensibilité auditive.
Il est une situation ou faire appel à la musique montre d’incontestables vertus : celle des bébés prématurés.
J’ai interrogé à ce propos Marianne Clarac, musicienne et chanteuse au sein de l’association Musique et Santé. Elle intervient dans les services de néo-natalité. Elle explique notamment que dans ces lieux où l’environnement sonore est relativement stressant (bip de monitoring, alarmes etc..) et où les parents sont dans un état de sidération, une musique, un chant (a fortiori dans la langue d’origine des parents) contribue à libérer l’émotion, et hors de ses nombreuses phases de sommeil, à entrer dans une communication paisible avec le bébé.
Dans le cas plus habituel d’une naissance à terme, le véritable bouleversement du paysage sonore que vit le nouveau-né (plus aucun son n’est filtré) peut être adoucit. Là aussi, de plus en plus de services de natalité sont sensibilisés à l’amélioration les conditions acoustiques de l’accouchement.
Et pour conclure ce premier article sur la musique et les bébés. Je terminerai par la source d’inspiration que représente aussi un bébé
Inspiration musicale…La musique ne fait pas que du bien aux bébés, elle fait aussi du bien aux plus grands comme l’atteste les tubes incontournables du répertoire français :
Jenifer « Ma révolution » Pascal Obispo : Millesime, Johnny Halliday : Laura
Sylvie Vartan : Le roi David, Renaud : Morgane de toi, Linda Lemay : Ceux que l’on met au monde, Zazie : la preuve par 3.
…Ou pas! Bébé inspire également les créateurs d’applications comme Kick Bee. Pour les futurs papas qui veulent entendre ce que fait leur bébé in utero, Kick Bee a conçu un détecteur que l’on pose sur le ventre de la Maman ; chaque fois qu’un coup de pied de bébé est détecté, un « kick » est transmis via Twitter sur le téléphone portable du Papa.
Jean-Marie LEAU : Compositeur-interprète. Auteur de nombreux génériques pour la télévision et le cinéma, il a fondé l’ensemble vocal « les voisins du dessus » et coécrit plusieurs contes musicaux, dont Sol en Cirque. Il a enregistré avec Zazie, Alain Souchon, Francis Cabrel, Christophe ou Claude Nougaro.
Avec Sophie ADRIANSEN ils écrivent à 4 mains le livre Naître et grandir en musique, de la conception de l’enfant à son éveil musicale aux éditions Télémaque. https://livre.fnac.com/a8886895/Jean-Marie-Leau-Naitre-et-grandir-en-musique
Merci Jean-Marie pour cet article !